Equipements numériques ?...
Lionel Tordeux
Une étude récente de nos voisins belges sur l’usage du tbi en classe (http://bit.ly/sA4xV5)1 nous encourage à
reprendre ce sujet : l’équipement des classes.
Que disait cette étude ?
Les chercheurs montraient que pour qu’un
« outil » soit utile il faut que l’enseignant en fasse un
« outil partagé ».
Un outil utile, un outil partagé.
Pour que le TNi soit utile, il doit être partagé.
Certains ont longtemps cru que l’arrivée de nouveaux équipements allait changer
l’Ecole. Mais il n'en est rien, ces nouveaux outils ne trouvent leur place
que parce qu’ils permettent aux enseignants de ne pas modifier leur façon d’enseigner (au moins dans un premier temps). Un nouvel outil
trouve d'autant plus facilement, sa place dans la classe, s'il permet à son utilisateur d'enseigner
de la même façon. Il s’intègre à la méthode de l’enseignant, il ne la
révolutionne pas.
C'est ce qui a fait la force du tableau blanc
interactif et c’est ce qui explique sa forte pénétration dans les classes.
Si j'enseigne de façon frontale, je peux continuer.
J’ajoute des images sur grand écran à mon exposé, je glisse un power point.
Si j’enseigne en faisant participer les élèves, en
organisant ma classe par groupes avec des activités différentes, je peux
continuer.
Un outil partagé, un outil utile.
Quittons le tbi, pour nous intéresser à d’autres outils qui sont obligatoirement partagés, les boitiers
dévaluation et les tablettes tactiles.
Côté constructeur, c’est un vrai défi car cette
fois, le matériel remet en cause les relations dans la classe. Son introduction devient plus difficile. L’enseignant qui avait l’habitude de mener la séance sous la forme d'un exposé, d'un discours sur... va devoir changer sa méthode.
Avec ces outils, ce
sont les élèves qui utilisent, qui agissent.
La question devient alors , comment faire pour que
cet outil partagé soit utile et d’abord utilisé ?...
Pour les élèves, aucun problème ce sont de nouveaux « jouets », de nouveaux produits technologiques qui
correspondent à leur univers. Leur usage s’inspire de techniques
utilisées avec les téléphones portables.
« Cette fois le professeur est obligé d’entendre
tout le monde ». Il ne s'agit plus de quelques mains levées que l’on
repère sélectionnant parfois la réponse attendue, voire la réponse espérée.
Avec, les boîtiers 100% des élèves ont participé et 100% de réponses apparaissent !
Alors que faire pour ces outils deviennent utiles pour l’enseignant ?
Ils deviendront « utiles » s’ils lui permettent de gagner du
temps tout en étant plus précis. Avec les boîtiers/tablettes, l’enseignant a la possibilité d’avoir les
réponses de tous les élèves et de les reprendre en direct ou de façon différé
en ayant analysé les réponses.
L'institution demande un suivi
plus précis, plus individuel. Ces outils le permettent.
Mais alors pourquoi n'est-il pas dans les classes ? Trop cher ? Inconnu
? Trop compliqué à utiliser ?
Peut-être un peu tout cela. Mais partout où nous avons prêté ce type d’outil et partout où nous avons accompagné sa mise en œuvre, la valeur ajoutée est réelle.
Peut-être un peu tout cela. Mais partout où nous avons prêté ce type d’outil et partout où nous avons accompagné sa mise en œuvre, la valeur ajoutée est réelle.
Aujourd’hui, nous attendons avec impatience que les constructeurs réussissent à intégrer des
évaluations « à la française » avec un peu de QCM et beaucoup
d'autres choses (réponses sous la forme de mots, de textes, de schémas...) que ces données soient reprises dans un
logiciel simple qui permette rapidement de constituer des groupes de besoins.
Il restera une dernière mission à assurer, la
mission de l’éducation nationale, de l’encadrement, de l’accompagnement de
l’arrivée ces nouveaux objets, pour construire, accompagner de nouvelles attitudes, de
nouvelles relations dans les classes.
C’est en prenant en compte ces remarques que les boîtiers et les tablettes seront utilisés et utiles.
Une dernière remarque qui fait écho aux propos de Marcel Lebrun qui soutient l’idée que nous « apprenons
ensemble ». Ces nouveaux outils le permettent. Il y a quelques jours, j'observais dans une
classe l'utilisation de boîtiers pour évaluer et, trois élèves
étaient à la peine. Sans aucune demande de l’enseignant, un groupe d’élèves a pris en charge ceux qui avaient des difficultés pour que la classe
obtienne un score de 100 %. Réaction inattendue, généreuse qui
rappelle l’enseignement mutuel d’un autre siècle et qui montre que certains outils ont une pertinence pédagogique.
En attendant encore un petit effort pour améliorer les boîtiers et surtout les tablettes afin que les professeurs enseignent avec « tact » des savoirs
que les élèves connaîtront tous « sur le bout des doigts ».
LT1. http://hal.archives-ouvertes.fr/docs/00/60/90/90/PDF/Duroisin-Natacha-EIAH2011.pdf